Jenovefa dansait
Au rythme des batteurs
Tout son corps se déliait
Sous le soleil sonore
La rosée du matin
Guirlandait ses chevilles
De rangs
de perles fines
Primevères finissantes
Les jours posaient le pied
Sur la traîne des nuits
Les morsures d’hiver
Cicatrisaient sans bruit
Jenovefa dansait
Chrysalide des ombres
Papillon de lumière
Les yeux levés au ciel
Sous ses paupières closes
Mille soleils tournaient
Anneaux d’or et de miel
Au-dessus des villages
Et les enfants riaient
D’un bonheur
sans nuage
Jenovefa dansait
Dansait sur un poème
A la pierre levée
Sur les quatre chemins
Là où l’on peut rêver
A de beaux lendemains
Les voix de ceux qu’on
aime
Ne se taisent jamais
Jenovefa tournait
Au gré des quatre vents
Kornog l’emportera
Vers celui qui l’attend
Elle dansait jusqu’au port
Jusqu’aux franges
d’écume
Sur une gwerz ancienne
Sur une trainée de brume
Qui remontait au temps
Des blondes magiciennes
Mille soleils se noyèrent
Au bord de l’horizon
Ne resta sur la mer
Qu’un mirage éphémère
Un reflet de passage
Les feux chassèrent l’ombre
Dès son commencement
Les feux de renaissance
Et de fertilité
Jenovefa
dansa
Au clair des flammes fées
Sous la lune de lait
Pleine lune de mai
Elle frôlait les agneaux
Enlaçait les chevaux
Envoûtait les troupeaux
Jenovefa tourna
Spirale
de vertige
Feu follet de voltige
Volta jusqu’à l’ivresse
Etincelle de vent
Qui survola les braises
Et puis elle disparut
Ainsi vont les poèmes
Que la mer perpétue
En de
longs requiem
Personne ne l’a vu
Mais elle souriait
Tandis qu’elle se glissait
Dans la faille d’outre-monde
Dans les bois du grand cerf
Et la nuit se fit cendres
L’aube
se fit brasier
Et laissa la voie libre
Au jour du renouveau
Ce fut la fin de nuit
Belle nuit de Beltan.
Kornog : vent d’ouest
Gwerz : complainte
Beltan : grande fête celtique, fête du renouveau lors de la pleine lune de mai