Ce sont cortèges de lutins à voix de fausset
Pierrots à voix de bronze
Enfants rois engendrés par des songes de moelle
Leur chair en sursis s’abreuve au
ressac des heures
Le ciel nomade répand ses cris grenus
D’oiseaux affamés sous le ciel d’ouest.
Leurs songes hésitants se font poussées de fièvre
Cadenassent leurs désirs furtifs
Dont les échos se heurtent aux déceptions de l’aube
Offrandes désinvoltes au fer rouge des ventres
Le destin se précise en une mécanique laiteuse.
Ils sont nouveaux vivants sous le tourniquet
de l’été
Ils ont si peu vécu que leurs douleurs d’emprunt
Ne sont que jeux de masques
Aucune cicatrice ne trahit leurs blessures
Ce sont farfadets à voix de cuivre
Ou processions de
spectres à voix de rogomme
Géants aux mains clouées sur les couvercles des collines
Leur chair liquide touche à pas d’ombre les saisons
Le soleil explose dans leurs poumons
En inflorescences de
gypse
Nains ou géants leur armure tinte
Et se démantèle contre les parois du temps
Leurs masques sont en suspens sous un carrousel d’arbres
Ils pleurent à voix haute dans les cages des rêves
Ils éclatent de joie aux grands vents de leurs rires
Même si la mort gronde au détour des chemins
Elle jaillit d’étoiles écartelées
Elle hante leurs paupières de nébuleuses
sanglantes
Ils ont beau s’approcher du pluriel de la sève
Les chemins de la chair mènent aux laves communes
Les hoquets du destin attendent les trois coups
Puisse être belle la vie qui
meuble l’entre-temps.