1. Vents de galères 2. Silence, on ferme

Vents de galères

Vents de galères

 

Voici venu le temps

Du pas lourd des colères

Du pas lourd des révoltes

Le temps de résistance

Quand l’espace se comble

De l’épaisseur des corps

Le temps du sifflement

Des braises dans le vent

Des retombées de cendres

Quand flambent les brasiers

La vérité se montre

Nue comme elle devrait

Dépouillée de promesses

De mots anesthésiants

De mensonges pour demain

 

Derrière l’écran des grands secrets

Les ombres du profit

Silhouettes d’oppression

Messieurs les trop puissants

Ennemis mais complices

Nous sommes devenus

Victimes invisibles

Par chance nous avons le respect de nous-mêmes

Vous nous faites arpenteurs

Des chemins de misère

Des routes de mort lente

Mais la vie est en nous

Nous sommes faits de terre

Faits de mer et de chair

Nous sommes faits pour vivre

Et travailler ici

L’espoir nous accompagne

Messieurs les grands bavards

Gare s’il nous abandonne

Il ne prend pas parti

Il perche sur nos épaules

Ecoutez quand s’élève

Dans le silence des machines mortes

Des usines closes des fermes qui se taisent

Ecoutez quand s’élève

La sourde rumeur des voix humaines

Et le bruit des tracteurs

La Bretagne est debout

La Bretagne s’avance

La vague se déroule

La dignité repousse

Les murs du désespoir

Pour nous et notre histoire

Ce sont des jours très sombres

Précédant les mois noirs

Mais nous aurons fierté

À clamer haut et fort

Nous sommes nous serons

Nous étions à Kemper

Un peu d’eau dans les yeux

Un espoir de soleil

La rage dans le cœur

Prémices d’arc-en-ciel.

 

Loctudy,  mardi 29 octobre 2013

 

Loctudy, 30 octobre

Au vu de la tournure des événements, l’auteur de ces lignes tient à préciser (même si le texte en lui-même ne lui semble pas prêter à confusion) qu’il a été conçu comme un soutien à toutes les bretonnes et tous les bretons qui voudraient vivre et travailler dans leur pays et à qui diverses conjonctures apportent plus de détresse que de joie (pêcheurs, agriculteurs, ouvriers, artisans…). Ce qui exclut toute adhésion à des organisations qui semblent vouloir tirer profit d’une opportunité et non défendre ceux qui ont besoin d’être soutenus.

Silence, on ferme

Silence, on ferme

Au nom du Saint Profit

 

Vous m’auriez demandé

Il y a un ou deux mois : « Qui êtes-vous ? »

Ma réponse était simple

Je suis comme beaucoup

Employé d’entreprise installée en Bretagne

Mon pays de naissance mon pays d’existence

Là où je voudrais vivre et mourir à mon heure

Voir mes enfants grandir un maillon de la chaine

La joie d’appartenir  au passé au présent

Et de tendre la main aux années à venir

J’aurais voulu avoir ma part sur cette terre

Comme tous mes camarades attroupés immobiles

C’était un matin gris tout gribouillé de pluie

Quand le ciel est d’acier que le soleil se fige

Un matin de ferraille où les grilles se ferment

Visages pétrifiés et poitrines plombées

On se retrouve ensemble près d’un feu de tristesse

Pourtant l’automne est doux

On se rapproche un peu on racle un peu les pieds

Une autre cigarette la toux rauque du vide

Ces mots qu’on voudrait dire qui s’écroulent en sanglots

Des regards sans reflets qui ne regardent rien

Et puis ces longs frissons qui restent en dedans

Pourtant l’automne est doux

Nous avions cru gagner quelques arpents de rêve

Nous n’avons qu’un trop-plein de colère rentrée

A voir ce qui attend, des vestiges de vie

Des désirs condamnés qui perdent la raison

Et vont battre sans fin les tympans de la nuit.

 

Il nous reste nos pas pour nous faire avancer

Nos pas qui vont aller maquiller le bitume

La mort à fleur de peau se cache au bout des rues

Quand nos forces vacillent, ne reste que le cri

Femmes de volonté hommes incertains d’eux-mêmes

Tous humains en révolte contre l’inacceptable

Quand le présent trébuche et que les enfants jouent

Ils savent faire silence et ne pas déranger

Ils oublient l’avenir ils oublient les plaisirs

La blessure du jour ne cicatrise pas

Les souvenirs nous restent c’est l’envers du malheur

Résistants invincibles échos de vies qui durent

L'aube se lèvera on ne sait trop sur quoi

A quelle heure viendra l’heure de la fracture ?

Les valets de l’argent n’auront pas de remords

Dormez bien braves gens la lâcheté est douce

Mais cessez de nous dire ne vous révoltez pas

Vous êtes sacrifiés sur l’autel du progrès

La pensée planétaire a son nouveau credo

« Au nom du Pèze, du Fric et du Saint Profit »

Et ce bruit de serrure

Pour la dernière fois

 

Qu’il était doux l’automne en ce début novembre.

 

13 novembre 2013

Commentaires

29.04 | 19:58

https://www.youtube.com/watch?v=VE5svVTDuMU

15.05 | 10:49

Merci pour cet hommage à nos disparus . Le bigouden est têtu et l'injustice le révolte.C'est pourquoi nous continuons notre combat pour la vérité.