Ar re Gozh (Les vieux) Pors Poulhan

Ils se sont assis là

C’est toujours là qu’ils sont

Ils se parlent d’hier

Ils ont plein à se dire

Ils ont déjà tout dit

Déjà tout raconté

Un mot vaut une histoire

Les mots valent une vie

On se connaît trop bien

On sait tout l’un de l’autre

On s’est haï aimé

Engueulé embrassé

Quand on a tout vécu

On prend son port d’attache

Le banc près des bateaux

Saluer ceux qui s’en vont

Au matin de la mer

Il en reste si peu

Que c’est une misère

 

A mi-mot mi-soupir

C’est un monde qu’on décrit

C’est un monde qu’on regrette

C’est un monde qu’on rejette

 

Ils se sont assis là

Pour prendre le soleil

Pour écouter le vent

Voir vivre les suivants

Pour revivre leur vie

Pour partir sous la pluie

En pensant aux enfants

Ils sont venus huit jours

Au mitan de juillet

Noël ils ne peuvent pas

C’est ainsi maintenant

Naître ici vivre ailleurs

Debout entre deux mondes

En espérant longtemps

Entre rêve et raison

Retrouver la rivière

Et rejoindre la source

Je sens la nuit venir

Je vais faire le feu

Faire chauffer la soupe

Et puis j’irai dormir

D’un sommeil oublieux

Salut Jos Salut Fanch

A demain la même heure

 

A mi-mot mi-soupir

C’est un monde qu’on décrit

C’est un monde qu’on regrette

C’est un monde qu’on rejette

 

Ils marchent à petits pas

Ils marchent à regret

Ils pensent à reculons

Ils pleurent à contretemps

Et quand l’été bascule

Ils comptent sur leurs doigts

Le nombre des printemps

Qu’ils ont au bord du cœur

Ils ne savent plus trop

Ce que bientôt veut dire

Ils sont pleins de leur vie

Ils ne regrettent rien

Ou bien ils regrettent tout

Mais ils tissent leurs jours

A coup de souvenirs

Une deuxième vie

Que l’on peut embellir

Ce qu’ils ont maintenant

Le temps pour ne rien faire

Pour choisir leur coin d’ombre

Recoudre la mémoire

Effacer les remords

Retrouver le bonheur

 

A mi-mot mi-soupir

C’est un monde qu’on décrit

C’est un monde qu’on regrette

C’est un monde qu’on rejette

 

Si vous nous aviez vus

A la tombée du jour

A l’aube de l’été

Nous jeter vers le feu

Sauter pour les beaux yeux

De Soizic d’Annaig

Jaloux les uns des autres

Mais unis dans la peine

Quand elles ont préféré

Les lumières de la ville

Quand on n’a dans les mains

Que la mer et le vent

Quand on n’a pour offrir

Qu’angoisse quotidienne

Et bien maigre pitance

Que c’est dur à trouver

Le bonheur sur la terre

 

A mi-mot mi-soupir

C’est un monde qu’on décrit

C’est un monde qu’on regrette

C’est un monde qu’on rejette

 

Les jours comme leurs mains

De plus en plus rugueux

De plus en plus calleux

Ils recherchent parfois

De quoi hier était fait

Parfois leurs yeux s’affolent

Parfois leurs yeux se mouillent

Les jours passés s’embrouillent

Mais la grande Katell

Quand elle avait vingt ans

Leur revient dans le cœur

Du fond de l’outre-temps

Ils avaient les yeux bleus

Bleu changeant de la mer

Bleu marine souvent

Ils ont les yeux ardoise

Océan sous l’orage

Quand l’ombre s’épaissit

Kenavo warc’ hoazh

Salut Jos Salut Fanch

Que la nuit ne vous pèse pas.

 

Commentaires

29.04 | 19:58

https://www.youtube.com/watch?v=VE5svVTDuMU

15.05 | 10:49

Merci pour cet hommage à nos disparus . Le bigouden est têtu et l'injustice le révolte.C'est pourquoi nous continuons notre combat pour la vérité.