Port aquarelle surgi du large
Une perle de Sud
Ancrée en fin de terre
Un grand mouchoir de mer entre rocs et jetée
Une flèche
tendue un signe d’horizon
Le bon cap des provendes
Pour les hommes bleus de mer
Leur fierté d’être là
La fierté du partir
La joie du revenir
Entre rocs et jetée
Voyez-la maintenant
Elle ouvre sa brèche d’écume
Aux plaisirs éphémères
aux regrets de vraie vie
Quand la gagner n’est plus qu’une idée qui dérive
Au long des bras de sable des oubliés
Plus de filets aux mailles de patience
Plus de bateaux labeurs aux lames de couleur
Aujourd’hui un refuge de coques décalquées
De voiles enroulées
Et le claquement sec des haubans
Qui cisaillent le vent
Plus de bruits de vivants
De toctoc des diesels
Qui découpait le jour et qui faisait repère
Le temps s’en est
allé
Où les bateaux avaient leur plein droit de silence
Le jour la nuit sur même scène
Dans le même décor
Plus de bruits de vivants
De sabots sur les pierres de casiers sur le quai
Plus d’appels plus de voix qui complètent le soir
Quand le soleil se lasse
Plus de géométrie des
amarres et du sable
Plus d’éventails de barques calées à marée basse
Plus de repos pour l’œil à la tombée du jour
Les souvenirs n’ont
plus de pain
Les souvenirs n’ont plus de paix
A donner en partage
Il n’y a que le temps qui soit à ramender
Sur les pierres de la cale
On
dépouille les hommes on brise le lien
Qui fait le fil du temps qui sauve le savoir
La mort se met en croupe
Des chevaux de l’oubli
La faille est profonde
Le futur est aveugle
Il montre ses mains vides.