La jetée Un enfant Deux princes de l’été
Deux bateaux à l’amarre
Un oiseau par hasard
Un oiseau vigilant crieur public des
grèves
Enfant à pas sautés sur les coulées de vent
Voulant frôler le ciel s’affranchir de la terre
La seconde éternelle où l’espoir s’exaspère
Petit roi de
la plage, des étés arapèdes
En son château de sable enceint de laminaires.
La jetée Un enfant Deux princes de passage
Princes
cheveux salés mèches folles sous la voile
Princes vélos rouillés cherchant des yeux plissés
Les filles du mois d’août défiant le temps qui passe
Princes contre le vent jusqu’à
l’embarcadère
Ils s’en vont vers les îles aux halos de mystère
Impatients de se perdre dans les eaux de la nuit
Dans l’écharpe crémeuse des longues vagues-lune
Vers ce désir
d’amour sans nom et sans visage
Les grands feux sur la plage et le sable complice
Quand leurs doigts hésitants sentent frémir la peau
Et explorent le rêve d’un corps que l’on désire
On
se jure d’aimer à la vie à la mort
Les dessins dans la cendre qui figent le destin
Un serment de faïence qui se brise à l’aurore.
Puis l’été leur échappe l’été
les fait grandir
Cet été intestat qui ne laisse que vide
Les chagrins de septembre les regrets d’abandon.
Une jetée déserte Un oiseau silencieux
Reste le souvenir des princes du mois d’aout
Deux princes d’insouciance un prince d’innocence
Cet enfant qu’ils étaient c’est lui qu’ils redécouvrent
Dans le miroir des yeux du petit
frère heureux
Qui n’a vu dans la nuit que la joie du réveil
Et le temps les emporte vers les heures fragiles.