La lune brisa son arc
L’argent brilla dans l’herbe
Une sourde rumeur fit vibrer les clairières
La fumée montait drue
Dénonçant les chaumières
Les fous et les brigands sortirent des forêts
De ceux qui vinrent en ville
On en pendit plusieurs
Mais la plupart se perdirent
Dans la foule des honnêtes gens
Les gobelets d’étain jetaient des éclairs mats
Aux lisières
des ponts
Les dés roulaient dans le silence
L’acier vibrait froid
Les acteurs et les juges sortaient des maisons closes
Parmi
ceux qui moururent
On en reconnut certains
Mais la plupart furent jetés
Dans les charrettes des fosses communes
Sur les parvis aux bornes
des carrefours
Les putains faisaient pénitence
Les douairières soulevaient leurs jupes
Que de bâtards d’arrière-cuisine
Ne virent jamais
l’aube de ces jours sombres
De tous ceux qui naquirent
Bien peu furent nommés
Que de bouches bleuies
Sous les porches de pierre
Les feux ont figé leurs reflets
Dans le noir des maisons où se mouraient les hommes
Le bruit des longs fardiers
Faisait sonner la
neige
Les vivants et les morts commençaient à descendre
Parmi ceux qui revinrent
Des maisons du haut
Marchaient des fous et des
juges
Des putains et des douairières
La vie est si courte parfois
La mort ne choisit pas.