C’était un temps d’orages, un temps de foi d’esclaves
Un temps noir de menaces où les foudres du ciel
Masquaient la vérité,
un temps de doigts pointés
Un temps de prêtres sourds et de malédictions
Je suis née dans ce temps où les enfants sans père
N’avaient pas d’au-delà, n’avaient pas de prières
Je suis fille de lande et fille de palud
Ma mère s’en est allée je vis grâce
à sa mort
Fille sans mère fille perdue disent les pikezed
Je cours comme le vent dès que quelqu’un m’approche
Je vais
mendier ma vie au-delà des villages
Je ne serai jamais qu’un oiseau de passage
Je ne crains que le bruit du galop de la nuit
Les chiens buveurs
de vent les chiens buveurs de sang
Les ombres en armure couleur de crépuscule
Dès que je les devine, je suis oiseau de nuit
Et si je danse
nue au bord des grèves sombres
C’est pour faire jaillir les flammes vacillantes
Les clins d’œil de l’obscur, son souhait de bonne nuit
Le destin joue des tours j’ai rencontré une ombre
Le long de la rivière un soir de soleil pâle
Je ne veux pas d’enfant je veux cet enfant là
Cet enfant de la nuit, la pluie mouillait nos larmes
Si les corbeaux me chassent et me disent sorcière
Je suis fille de dune j’épouserai
la mer
Et mon enfant naîtra dans les remous profonds
Si la vague et ses algues me sont douces et légères
Je deviendrai enfin fille
et mère de l’eau
Je serai bien chez moi, j’aurai mon Atlantide.