Des sillons dans la terre, sillages sur la mer. Un pays qui endure, qui n’a pas de limites. La terre qui s’abime dans la mer qui l’accueille. Un pays de toujours où le passé
perdure quand le soleil affleure. Un pays de patience, la patience des grèves, des marées métronomes.
L’entêtement des landes, avec dans l’en-deçà
les chemins anciens, l’envol des coiffes blanches vers un ciel qui palpite. Doigts brodeurs de fierté, la gloire des oiseaux, les arches de soleil, les volutes de miel, les étoiles qui dansent. L’éternité des mots nichée
au creux des braises, les retours sous la lune et les esprits troublés, les longs tressaillements de froidure et de crainte.
Les fantômes d’Iroise, les gardiens
de granit sur l’horizon liquide, les routes de lumière, les trésors de l’estran, les mares de soleil et les brumes de sable, les tempêtes coupables et le courage tenace contre les vents obliques. La colère au long cours
contre les criminels, donneurs de mort brutale, marins privés d’honneur par le secret d’Etat qui condamne au silence.
Jour noir d’un mois de mai 1987, bientôt 30 ans, jour noir d’un mois
d’hiver 2004, déjà 13 ans. 30 ans de pur mépris et de même détresse, 30 ans de trahison et 30 ans de mensonges.
Des prairies de promesses,
des troupeaux d’évidence mais les fermes se taisent, la mort en embuscade.
De l’or sur les talus, des couleurs de tendresse dans les rochers râpeux, des murets de pastel, des pétales de pierre,
des oiseaux incessants dans les cieux parallèles, des jeux d’enfants sérieux dans les frissons d’écume.
Des ports où s’abriter pour
ramender la vie lorsque flottent dans l’air l’écho et la douleur de la mer qui s’emporte, de la terre qui résiste. L’écho et le bonheur dans les mains qui se cherchent, dans les mains qui se serrent à portée
d’espérance pour continuer à vivre où les rêves ont cours.
8 avril 2017