Aux fusillés de Beg an Dorchenn...et les autres

Dos tournés à la mer

Et le soleil en face

Sous la complainte rauque

Des goélands obliques

Une mer immobile

Et qui suspend ses vagues

Nous sommes camarades

Froissés du vent du large

Dans l’acide fraicheur

Du matin qui se lève

Debout devant des ombres

Liquides et mouvantes

Une ligne de mort

Qui se brise et se forme

Le meurtre à contre-jour

Des bourreaux sans contour

Muets et indifférents

A la trame du temps

Quand il se fait destin

La voix de leurs victimes

Ne les atteint jamais

Le soleil devient mat

Sur les sangles de cuir

Et l’acier des fusils

 

Et puis ce fut hier

Ce fut une nuit floue

De lettres fracassées

De débris d’espérance

De cris d’amour brisés

Le rythme de la vie

La pulsation du sang

Une boule d’angoisse

Que l’inconnu façonne

Ce fut l’ultime nuit

D’otages de l’obscur

De révolte affamée

D’avenir verrouillé

Et de vraies certitudes

Notre corps très bientôt

Oubliera l’espace

Ne fera plus obstacle

A l’air et la lumière

Pour l’instant il frissonne

Il a droit d’avoir peur

Nos yeux restent ouverts

Et qui sait si demain

Nous serons vraiment morts

 

Laissez nous voir les dunes

Une dernière fois

Piétiner dans le sable

Et même les mains liées

Exister un moment

Regarder droit devant

Faire de cet instant l’éternité de vie

Le fil de la mémoire

Qui se brise aujourd’hui

Le ciel se fait silence

Quand les oiseaux paniquent

Et que nos corps s’affaissent

 

Passant, regarde-nous

La liberté persiste

Nous n’avions que la vie

A offrir en échange.

 

Commentaires

29.04 | 19:58

https://www.youtube.com/watch?v=VE5svVTDuMU

15.05 | 10:49

Merci pour cet hommage à nos disparus . Le bigouden est têtu et l'injustice le révolte.C'est pourquoi nous continuons notre combat pour la vérité.