Je suis née Mélanie
Je suis née mal coiffée
P’tite fée ébouriffée
Adorable à croquer
Personne n’a remarqué
Au milieu d’ la nichée
Sauf quand j’ai commencé
A mettre la zizanie
J’suis allée à l’école
J’étais un peu mariole
J’ai joué
à la marelle
Et j’étais la plus belle
Mais j’ai jamais gagné
J’étais bien trop rebelle
Pour pousser le palet
Dans
la case du ciel
La faute à M’sieur l’Curé
Qui m’appelait péronnelle
J’ai joué à chat perché
Celui qu’ j’ai décroché
Ne valait pas tripette
Je l’ai laissé tomber
Avec ma peau de lait
Mes grandes tresses brunes
Je me suis fait d’la thune
J’ai appris aux garçons
A jouer à la poupée
A la récréation
Et
puis la ritournelle
Ma fille tu te fais belle
Gare au polichinelle
Ça m’a fait rigoler
J’aimais pas l’ bal masqué
J’aimais
ceux des pompiers
J’en ai choisi un grand
Tout baraqué tout beau
J’suis tombée dans l’ panneau
Et leur polichinelle
J’ai
compris c’ que c’était
Quand j’ l’ai eu dans l’ buffet
J’ai jamais su où m’ mettre
Jamais su où m’
garer
La vie en double file
C’est pas toujours facile
Je suis une tête à claques
A côté de la plaque
On m’a
jamais aidé
J’étais pas couturière
Mais la vie m’a donné
Bien du fil à retordre
On m’a envoyé paître
Dans les choux sur les roses
C’est p’t être d’ailleurs pour ça
Qu’ j’ai des faux jumeaux
Qui n’ont pas de papa
J’ai enfin cru trouver
Un’ chaussure à mon pied
C’était un grand placide
Qui n’ voyait pas mes rides
Il rêvait
de voyage
Il voulait voir la mer
Pas la grise du Nord
La bleue des mers du Sud
Le sable blanc des plages
Il a vu les aurores
Sous
les grands cocotiers
Et il y est resté
Avec sa Mélissa
Et son yukulélé
Les jours s’en vont les jours reviennent
On ne sait pas c’ qu’on leur a fait
Pour qu’ils n’apportent que la gêne
Les mômes se font la valise
Sans même daigner nous fair’
la bise
On se r’trouve dans une coquille vide
On s’ dit que le monde est perfide
Et quand on rêve de l’autre rive
C’est là qu’on
part à la dérive
Quand je serai bien vieille
Au soir à l’halogène
Et devant la télé une vieille accroupie
Personne ne dira diable que t’étais belle
Qui sait si s’éteindront ma peine
Et mes souvenirs porcelaine
Peut-être enfin serai-je reine
Des
jours tombés dans l’oubli
J’aimerais que l’on se souvienne
Que la vie a fui Mélanie.