Un lundi à Roissy, 5 octobre 2015
Ils ont déchiré deux chemises
Ils voulaient simplement faire entendre leur voix, se défendre contre l’arbitraire, contre l’avenir sombre
qu’on leur impose.
Montrer qu’ils étaient des êtres humains. Qu’ils existaient. On les laisse dehors. Colère bien naturelle, celle du désespoir.
Ils ont déchiré deux chemises. Deux chemises
contre 2900 postes supprimés, 2900 femmes et hommes dans la détresse.
Deux chemises. Celles des commis des patrons. Aux ordres, quels qu’ils soient. Des dirigeants qui n’ont jamais d’états d’âme. De
ceux qui poussent les salariés à la faute et à la révolte, qui ne montrent que mépris ou indifférence, qui pratiquent la politique du secret. Qui sont responsables de dépressions, de familles détruites,
de suicides.
Ils ont déchiré deux chemises. Un prétendu « lynchage ». Etonnant de voir comme les lynchés se portent bien !
Et voilà nos dirigeants qui entrent en scène. « Violence
inacceptable » dit l’un, « Voyous » dit l’autre. Insultant. Et ça fait bizarre…
Nous qui les avons élus avec l’idée que les socialistes défendaient les salariés,
luttaient contre les patrons sans morale et sans scrupule et défendaient les syndicats…
Bizarre… Ils semblent avoir oublié. Les suivre serait renier un large pan de l’histoire, renier Jean Jaurès, renier Charles
Tillon et tant d’autres, leur donner tort. Renier nos convictions.
L’ « inacceptable », ce ne sont pas vraiment les chemises. Quand on refuse aux salariés le droit à une vie normale, quand on refuse
de les écouter, on ne leur laisse que les mains pour se défendre.
L’inacceptable ce sont les actionnaires vautours, les dirigeants sans humanité et leurs thuriféraires zélés et, osons le dire, complices.
Etre de gauche, c’est dénoncer ces situations, c’est choisir son camp, c’est être du côté des victimes de la logique du profit. Ce sont elles qu’il faut plaindre et soutenir. Sans concession.
Jeudi 8 octobre
Quelqu’un a ajouté « stupides » aux insultes, il a du avoir une faiblesse. En pleine forme il aurait dit « stupides et illettrés »