Mercredi de honte
Bugaled Breizh, non-lieu
Où il est prouvé qu’il suffit de trente secondes
pour que des juges censés dire le droit et la justice perdent leur honneur et montrent leur courage.
Où il est prouvé que des politiciens censés défendre les citoyens et la démocratie partagent ce déshonneur
et cette veulerie.
Où il est démontré qu’il est plus urgent de vendre des machines à tuer que de chercher les coupables de la mort de cinq marins bretons.
Où il est démontré que la vie de
cinq hommes, le réconfort de leurs familles et amis, pèsent de peu de poids s’ils ne rapportent rien.
Où il est prouvé que les hommes de bonne volonté sont traités comme gens de peu par des gens de rien
qui se croient gens de quelque chose.
Regardez-les venir avec leurs grands sourires
Ils ont foulé aux pieds la douleur des familles
Ils ont vite « oublié » les cinq du Bugaled
Ils
n’ont jamais voulu entendre la parole
De tous les révoltés par leur indifférence.
Le mépris est une porte ouverte sur l’oubli.
Voyez-les s’avancer, cœurs durs et têtes
hautes
Ecoutez ce qu’ils disent, hypocrisie, mensonges,
« Nous avons essayé, vraiment tout essayé »
Mais la raison d’Etat empêche d’enquêter
Et la loi du silence
implique de se taire.
Dire qu’il s’est trouvé des marins pour le faire
Et jeter à la mer le code de l’honneur.
La honte du mensonge et de la lâcheté
Elle s’affiche
au front comme une estafilade
La vergogne et la tique sont deux vieilles amies
On a beau arracher
Et faire des efforts pour ne plus y penser
Tant que la tête reste elles pourrissent le sang
Et le venin subsiste et la
rougeur persiste.
Il va venir un temps,
Demain sera décembre.
Voyez-les s’avancer, voilà qu’ils nous courtisent,
Effacés les onze ans de vide et de douleur
On ne
sait pas le poids de onze années de larmes,
Onze années de combat, d’espoir, de déceptions,
Onze années de mensonges, onze ans de faux-fuyants,
Onze ans d’intérêt feint et de fausses
promesses,
On ne saura jamais
Pourquoi tous ces messieurs ont joué un double jeu
L’air de la trahison pour les gens de la mer.
On connaît des pêcheurs qui sont encore en vie
Mais meurent à
petit feu
On connaît des pêcheurs qui ne sont plus en vie
Mais qu’on a tué deux fois.
Heureusement qu’il y eut quelques « Mère Courage »
Pour faire contrepoids aux lâches
abandons
Au silence piteux des ministres bretons.
Nous vous voyons venir avec vos grands sourires pour les grandes manœuvres.
Demain sera décembre
Bon mois pour les bilans, les retours en arrière.
En attendant…
C’en est fini pour vous du bon sommeil des justes
Ministres du mépris, juges d’iniquité, avocats du mensonge,
L’histoire s’est écrite au jour le jour.
Nos jeunes
savent lire.
Nous ne cèderons pas.
13 mai 2015 : non-lieu