Le retour des « Hashishin »
Coups de feu. Voix incongrues. Voix inconnues.
Dans la salle de rédaction, ils ont tous levé la tête
Surpris,
peut-être inquiets
Un bruit de pas dans le couloir
Un bruit de pas feutrés
La mort s’avance souvent à pas feutrés
Quelle que soit l’heure.
La porte qui s’ouvre. La mort noire sans
visage.
Dans la salle, ils ont compris.
Ils se sont levés. Ont au moins essayé
Pour être debout, pour faire face
La mort s’est déchainée, une exécution par des « Hashishin »
d’un autre âge
12 victimes.
Puis la mort a tourné le dos et s’est enfuie.
Un grand silence annonciateur d’un vide à venir.
Mais… mais il n’a pas fallu attendre longtemps.
On
a entendu d’autres bruits de pas. Différents.
Dans les rues, les avenues, les places.
Là aussi le silence, mais pas un silence de mort.
Un silence vivant, de détresse et de poings fermés.
D’arbres
dans le vent.
Un silence de marée montante.
Quelques ilots de sanglots. Quelques ilots de rire aussi.
N’est-ce pas ce qu’ils auraient voulu ?
Un silence de poètes assassinés, frémissant de
vie,
Traversé d’ondes de chagrins, de dégouts, de rage et de courage.
Un silence lourd de questions, qui accouche d’une seule réponse : NON
Non au fascisme, au crime aveugle, à
la mort pour rien.
Pour ceux qui ne « croient pas au ciel », dieu n’existe pas,
Alors le blasphème non plus.
Pour ceux qui « croient au ciel », dieu existe,
Et tuer son prochain,
c’est enfreindre sa loi.
Théoriquement.
Donc, n’oublions pas ce silence têtu, gardons-le dans nos têtes.
Ensuite brisons-le par une parole de combat,
De résistance à tout ce qui menace
notre liberté
Inutile de préciser la liberté de quoi, notre liberté un point c’est tout.
Nous n’avons pas fait une marche d’un jour.
En manifestant pour rendre hommage à nos amis exécutés,
à toutes les victimes,
Nous prenons un engagement pour l’avenir,
L’engagement de continuer leur combat pour la tolérance, contre tous les obscurantismes.
Cette année, l’hiver ne
parvient pas à s’installer, c’était dans nos corps et nos cœurs qu’il faisait le plus froid.
Mais dimanche, il a fait beau.
11 janvier 2015