Osmose

Lorsqu’il fut parvenu au plus haut des falaises

Il ne vit que son image d’homme

Qui regardait la mer

Qui embrassait l’éternité dans le ventre du monde

Ce qu’il disait ce qu’il imaginait

N’était que cette vague qui déferlait

Refluait il n’était que le prisme

Qui réinventait l’image de la vague

Image de la mer duale de plénitude

Un miroir de complicité

Qui brutalement arborait le masque de la peur

Une peur qui tenait à la régularité du temps

Une fatalité rationnelle d’où jaillissait l’inexplicable

Il savait que cette image était

Ce qu’il devait atteindre, la vérité

Au cœur du roc et de l’écume

Et qu’il ne l’atteindrait

Qu’après s’être dissous dans ce qui n’était

Que l’écho de ses imaginations d’enfant

Il se dit voilà le présent et l’avenir mélangés

Le passé n’était ni violence ni regret

Il existait parce qu’il transgressait les règles

Qu’il inventait un temps

Qui ne reconnaissait comme soumission

Que le bruit du ressac

Il savait que s’il arrêtait son regard

A la frange des vagues

Il bloquerait le vertige du monde et le sien

Il survolerait le bruit de la mer

Et le dominerait avec un cri d’oiseau vainqueur

Il le domptait dans un espace improbable

Et trouvant le noyau et l’âme

De sa quête violente

Il sut que ce qu’il voyait et entendait

Suffisait à vivre et à survivre

Cette beauté à la fois visible évidente

Inventée et reconstruite lui donnait le droit

De marcher sur le chemin des jours

Ce qu’il voyait et pouvait décrire

Se transforma en aveuglante lumière

Alors il sut ce qui lui était offert.

 


Ce texte aurait pu s’appeler autrement.

Les mots sont là, à disposition.,

Ceux qui écrivent les empruntent. Puis ils les rendent.

Mais il arrive parfois qu’ils reviennent, marqués.

Marqués des indicibles émotions de ceux qui les ont empruntés et rendus.

Marqués d’une empreinte ineffaçable. Celle de l’écrivain qui les fait siens.

Mais les hommes d’écriture, les suivants ? Ils hésitent parfois. Car ces mots deviennent demeures habitées, où l’on ose à peine rentrer, car la présence qui s’y fait sentir est trop forte, trop prenante, trop intimidante.

 C’est pourquoi ce texte hommage à un pays pour moi essentiel, n’aura pas le titre qui m’a brièvement effleuré mais que j’ai immédiatement identifié comme un souffle venu de la baie de Morlaix sur une frange de vent qui chuchotait : « Toute la beauté du monde ».

Je me suis dit que je ne pourrais rentrer dans ces mots que par effraction et qu’il y  avait déjà quelqu’un - dont Michel Le Bris* - à l’intérieur. Et que de toute façon, ça tombait bien, c’était le même pays que le mien.

 

* « Un hiver en Bretagne »

Commentaires

29.04 | 19:58

https://www.youtube.com/watch?v=VE5svVTDuMU

15.05 | 10:49

Merci pour cet hommage à nos disparus . Le bigouden est têtu et l'injustice le révolte.C'est pourquoi nous continuons notre combat pour la vérité.