Le soleil couchant a déserté l’asphalte
L’heure hécatombe allume ses brûlots
Se farde de néons qui barbouillent la nuit
Le crépuscule cède aux vagues de l’obscur
L’heure des rois de paille
Rois des angles sombres
Seigneurs des escaliers
Des cages d’ascenseurs
Maîtres d’un piètre fief
Où le sang fait décor
Où les vertiges
mentent
Petits chefs en rade de la vie
Armés et désarmés
Leurs regards se fissurent
Comme des lambeaux d’affiches
Ils bégaient des rêves qui ne vivront jamais
Désirs inaboutis
sans aucune substance
Un petit jeu de fantômes
D’échanges furtifs
Silhouettes brouillées aux gestes de sicaire
En attente de l’heure
Heure de mort et de haine
Bras tendus jaillissant
des vitres baissées
Zigzag de scooters
Qui portent la mort en croupe
Soudain
Un révolver qui bafouille à voix haute
Et tue de deux impacts
Au ventre d’un rictus
Une seule équation
A eux la belle vie aux autres la mort sale
Lorsque la mort est floue on dirait qu’elle sourit
Vient la lueur du jour
Sur matins verrouillés
Hantés par des visages qui peuplaient la nuit brune
La violence
n’est rien que masque d’ignorance
La haine les mots recuits les mots sans phrases
Les mots crachés
Ne donnent pas sens au monde
Morts-vivants d’une vie en pointillés
Le temps devient poudre
dans le sablier de leurs mains
Le temps devient crue dans les lits de leurs veines
Le néant de leurs yeux a l’air d’une question
Le fracas de la haine. Un moment de silence
Puis l’après de l’absence.
Mais les vivants se taisent
Les morts se perdent dans leur nuit sans mémoire.