Il était cinq heures dans Madrid assoupie
Ecoute Delgado racle l’ombre des murs
Regarde Granado griffe l’ombre des grilles
Et Grimau revit à l’aplomb
des façades
Horreur du temps écho de guerre
Nous ne vous saluons plus sur terre
Cinq heures quand ils vous ont assis
Trois petits tours et sont partis
Ecoute les vertèbres craquent dans les étoiles
Et leurs langues bleuies râpent le matin clair
Il était cinq heures à Makronissos
Regarde l’olivier prend des airs de Van Gogh
Mais la justice en uniforme s’y balance
Nikos Yannis les jours de silence s’avancent
Comme un poignard dans l’espérance
Odeur du sang mains de colère
Il était cinq heures lorsqu’ils se sont tus
Sans visage et sans nom comme une ombre de mur
Comme un caillot de sang sur le
soleil des pierres
Sur leur bouche édentée fleurissaient des abeilles
Merci mon colonel de salir le ciel bleu
Bien sûr
il y en eut des bégaiements de barricades
Des murs liquides de paroles
Que le bonheur touchait de ses longs doigts de craie
Des soleils libérés dans des yeux de cristal
Mais revint le long temps des jours cadenassés
Le temps des brumes lourdes qui plombaient les épaules
Cette gale de nuit qui prenait à la gorge
Souvenirs sans couleur perdus sur les navires
Et le bruit des fusils sur des rythmes d’horloge
Il est toujours cinq heures au cadran de l’erreur
Rien ne s’arrête
tout recommence
La mort continue sa ronde
Il est cinq heures à Guantanamo
Seul le son du métal rompt le bruit de la mer
De grands
silences blancs quand les oiseaux se taisent
Les prisons ont parfois d’étranges dominantes
Des couleurs de villages aspergés de mort lente
Couleur de la terreur Blood Bless
America
Il est cinq heures dans ce bas monde
La mort se fout des décalages
Il est toujours cinq heures au fuseau de l’horreur
Rien
ne s’arrête tout recommence
Loin des reins de chimère
Nous gardons vos mains de lumière Souvenez-vous qu’on vous entend